Interview de Jean-Michel Blanquer par Claude Tran.
Les résultats de l’enquête internationale PIRLS, qui mesure tous les cinq ans, le niveau en compétences de l’écrit des élèves de CM1 des pays de l’OCDE qui le souhaitent, sont préoccupants pour la France d’abord parce qu’ils ne cessent de baisser mais également parce qu’ils placent notre pays à l’antépénultième place des 24 pays qui y ont participé.
A la suite de la conférence de presse qu’il organise pour analyser les résultats et énoncer les réponses adaptées qu’il met en place Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Education Nationale répond aux questions des journalistes.
Il répond en particulier à la question : “le numérique peut-il apporter de l’aide à l’apprentissage de la lecture“ .
L’opposition du réel et du virtuel n’est pas pertinente, tant du point de vue de notre culture perceptive du virtuel que du point de vue de l’histoire du concept de virtuel.
Selon notre culture perceptive actuelle : le virtuel ne s’oppose pas au réel.
Le réel est ce qui est. Il est l’ensemble des choses (res) et des événements présents. C’est la totalité de tout ce qui arrive. Comme tel, le réel n’est jamais perçu. Montaigne, mieux que tous, nous le rappelle : “nous n’avons aucune communication à l’être” (Essais, II, 12). Si le réel reste pour nous un horizon inatteignable, nous atteignons cependant des réalités phénoménales, des représentations individuelles ou collectives du réel. Ces représentations sont influencées par notre nature, par notre histoire personnelle, par notre environnement social et culturel, et aussi par nos techniques.
En effet, nos appareils sont des “dispositifs phénoménotechniques » (Stéphane Vial, L’être et l’écran, 2013), car ils influencent notre rapport au monde et la façon dont les phénomènes nous apparaissent. Dès lors, toute grande révolution technologique est en même temps une révolution ontophanique, touchant la manière dont les êtres (en grec ontos) apparaissent (phaïnô).
“La virtualité fait partie intégrante de l’ontophanie du monde contemporain conditionnée par les appareils numériques » (Vial, 2013).
Nous sommes désormais habitués à la simulation par les interfaces. De fait, la génération dite des “digital natives” a l’habitude depuis sa naissance de voir le monde à travers des écrans, et de manipuler via les interfaces numériques des simulations du réel informatiquement produites. Pour cette génération, ce sont de vraies choses qui sont vues à travers les écrans.
Comme le formulait déjà en 1995 Sherry Turkle (Life on the Screen) : “Nous avons appris à voir les choses sous l’angle des interfaces [“We have learned to take things at interface value”].” Nous sommes entrés dans une culture de la simulation, dans laquelle nous substituons toujours plus facilement des représentations du réel au réel lui-même.
De fait, notre relation aux objets virtuels (informatiquement simulés) n’est pas affectée d’un sentiment d’irréalité. La culture de la simulation nous conduit ainsi à prendre ce que nous voyons à l’écran pour argent comptant (“at interface value”). Dans la culture de la simulation, ce qui fonctionne a pour nous toute la réalité qu’il nous faut.
Selon l’histoire du concept : le virtuel ne s’oppose pas au réel
Le concept de virtuel remonte à la philosophie d’Aristote. Aristote a eu besoin de forger ce concept pour trouver une solution à l’antinomie de l’être posée par Parménide : “l’Être est et le Non-Être n’est pas”. Pour sortir de cette opposition radicale, Aristote propose de définir l’être de deux manières : l’être en acte (grec : energeai ; latin : in actu) et l’être en puissance (grec : dunamis ; latin : in potentia). L’être en puissance existe comme une promesse, sans actualisation manifeste.
Ainsi, le bloc de marbre contient virtuellement la statue qui sera actualisée par le sculpteur. De même, l’arbre existe virtuellement dans la graine. A chaque fois, le virtuel existe, mais sans être encore là : l’existence en puissance est une vraie existence, le virtuel est un vrai mode d’être. La scolastique (philosophie du Moyen-Âge inspirée d’Aristote) oppose ainsi virtualis (du latin virtus : force, puissance), non pas à “réel”, mais à “actuel”. Aristote et toute la philosophie occidentale n’opposent ainsi pas le virtuel au réel, mais à l’acte (voir cette proposition de schéma de l’histoire du concept).
Cependant, pris de panique face aux appareils de simulation numérique, des penseurs ont affecté le virtuel d’un coefficient d’irréalité. Le virtuel a été souvent opposé au réel, et rapproché du fictif, de l’imaginaire, du simulacre dangereux, de l’artificiel, du faux illusoire, de l’inauthentique.
Célébrons au contraire les noces du réel et du virtuel. Le virtuel est une modalité douce du réel, qui peut nous permettre de mieux apprivoiser sa modalité dure et actuelle.
« Les portulans numériques », titre de la rubrique de François Jourde pour ludomag.com : Pourquoi les « portulans numériques » ? Un portulan est une carte de navigation utilisée aux XVIIe et XVIIIe siècles, permettant de repérer les ports, d’estimer les distances et de connaître les dangers (courants, hauts-fonds…) — mais aussi les bonnes routes et les refuges — pouvant les entourer (chenaux, baies…). Ensemble, nous pouvons ouvrir et tracer les routes des navigations numériques.
Catherine Becchetti-Bizot était notre invitée sur le plateau TV de Ludomag au salon Educatec-Educatice. Nous l’avons interrogée sur cette problématique à savoir « repenser la forme scolaire à l’heure du numérique », titre du rapport que Catherine Becchetti-Bizot a rendu au ministre au printemps dernier sur les pédagogies actives et qu’elle a ainsi reformulé.
« Cette idée m’est venue car c’est vraiment un sujet auquel on aboutit toujours quand on va dans les classes rencontrer les enseignants et qu’on parle avec eux de leurs pratiques avec le numérique et de l’évolution de leur travail et de leur pédagogie« , explique t’elle.
« Il faut que je réorganise l’ensemble de mon enseignement ».
Phrase redondante que Catherine Becchetti-Bizot a entendu plusieurs fois lors de ses différentes visites. Il ne s’agit pas simplement de l’aménagement de la classe ou bien de la relation aux élèves. « Cela a un impact sur les espaces et temps d’apprentissage, les rythmes, le type d’activités et l’organisation des activités« , poursuit-elle.
Pour notre inspectrice, le système normalisé et codifié auquel nous sommes habitués depuis des siècles, qui instaurait une manière d’apprendre, avec des outils, des meubles, un aménagement « en autobus », est à questionner aujourd’hui ; d’autant que ce modèle des Frères des écoles chrétiennes auquel l’École de la République s’est attachée, a coexisté avec d’autres modèles, comme Catherine Becchetti-Bizot l’explique dans la vidéo ci-contre : méthode simultanée ou modèle mutuel qui mettait en oeuvre la coopération et où le « maître » n’était qu’un chef d’orchestre…mais qui n’a pourtant pas été retenu par l’École de la République alors qu’on savait déjà, à l’époque, qu’il était plus efficace pour les apprentissages.
Il y a donc une double problématique dans la forme scolaire :
« Qu’est ce qui explique la résistance de ce modèle même aujourd’hui à l’heure du numérique ? »
« Pourquoi faudrait-il changer de méthode si elle convient, paraît-il, aux enseignants ? »
Le numérique devrait remettre tout cela « à plat »… Ce n’est pas si simple. C’est ce qu’explique Catherine Becchetti-Bizot dans la suite de l’interview.
Interview de Michel Reverchon-Billot, Directeur Général du CNED, lors du salon Educatec-Educatice sur la question des Learning Analytics ; sujet d’actualité dont le CNED s’est déjà emparé ! En effet, il utilise aujourd’hui ces « data » pour performer dans son offre de formation dans un but final : améliorer les apprentissages de ses inscrits.
« Le CNED aujourd’hui, étant un industriel de la formation, possède des data considérables avec plus de 245 000 inscrits et plus de 1,5 millions de copies corrigées en ligne ».
Tous ces inscrits laissent obligatoirement des traces d’apprentissage ; traces dont le CNED a bien saisi l’enjeu pour s’en servir, « aussi bien pour l’inscrit que pour le CNED et son évolution », souligne Michel Reverchon-Billot.
Rigueur autour de l’utilisation des données : l’éthique du CNED.
Il rappelle le cadre éthique extrêmement rigoureux dont fait preuve le CNED à l’égard de ces données.
« Nous ne sommes pas du tout dans l’optique d’utiliser ces données pour autre chose qu’au service de la majoration des apprentissages des élèves et de leur parcours ».
Ces « traces » vont être utilisées pour différents domaines d’activités. C’est ce que développe Michel Reverchon-Billot dans la vidéo ci-contre.
Tri et choix des données : répondre avant tout aux objectifs d’apprentissage.
Elles peuvent être notamment utilisées à des fins d’amélioration des apprentissages, pour améliorer la conception des dispositifs du CNED ou encore agir sur l’ergonomie et les interfaces.
« La question aujourd’hui n’est pas de savoir si nous avons des données mais plutôt de savoir quelles données faut-il choisir et quelles sont celles les plus pertinentes ».
Le CNED est déjà acteur dans le domaine des Learning Analytics et s’en sert déjà.
Learning Analytics : une réalité déjà ancrée au CNED.
« Nous avons déjà des activités au CNED qui sont très articulées aux données ».
Michel Reverchon-Billot donne l’exemple du nouveau dispositif d’apprentissage du français langues étrangères, « PROFLE+», lancé le 6 octobre 2017, en partenariat avec le CIEP dont il détaille le contenu dans la vidéo ci-contre.
Ou encore le dispositif D’COL, dispositif complet d’aide, de soutien et d’accompagnement en français, mathématiques et anglais pour les élèves en difficultés de 6ème et CM2 des écoles REP+ et REP (depuis la rentrée 2016) où l’historique des données d’un élève est très important. En effet, ce même élève peut passer de son enseignant à un tuteur du CNED ou encore avoir affaire à un avatar… « Chaque fois qu’un tuteur nouveau entre sur la plateforme, il a accès à l’histoire scolaire de l’élève. On voit bien que ces données-là remontent pour fournir de l’info et pas pour autre chose ».
Autant d’exemples sur le suivi des élèves, disponible grâce aux données, pour fournir aux enseignants-tuteurs une vision complète de l’activité de leurs élèves dans une classe virtuelle.
Dans la lutte contre le décrochage, qui est souvent d’actualité sur les formations à distance, il existe également un dispositif automatisé qui permet de renvoyer à l’inscrit des alertes, des messages, pour le remotiver en quelque sorte. Cette mise en oeuvre va d’ailleurs se voir renforcer par un accompagnement téléphonique.
« Je crois que c’est la force du CNED aujourd’hui, celle d’être dans l’hybridation des supports, d’hybridation de l’accompagnement et d’hybridation des modalités de formation. C’est un établissement multimodal dans toutes ces directions », conclut Michel Reverchon-Billot.
On est samedi matin, le jour de nos vacances. Après avoir écouté dans la voiture Apocalypse de Cigarettes after Sex, je prends un bol d’air marin sur la côte de granit rose. Sans voix devant tant de beauté, je prends ces rochers galets en photo. Je me prends parfois pour un artiste à la fleur d’instantanés numériques…
Aujourd’hui, c’est un dièse sans filtre, demain surement un sépia 2.0. Je pense à ces paysages des films d’héroïque fantaisie aux longs-pieds que je regarderais surement le lendemain, peut-être dans trois semaines ou même jamais. C’est un peu comme ces livres que l’on accumule parfois. On se dit : on ne sait jamais. La vitesse de l’actualité littéraire et scientifique étant celle qu’elle est, finalement, on l’oublie sous quelques millimètres de poussière.
Le temps s’écoule, le soir venu, en jouant à un jeu de société, on s’amuse à se poser des colles. Il arrive parfois qu’elles soient collectives. Heureusement, une encyclopédie à notre disposition nous permet de sortir de l’ornière. La réponse nous ouvre des possibles. Un seul regret, nous ne captons pas la radio, enfin nous ne la captions pas. Cela fait cinq minutes que l’espace musical est de nouveau occupé.
Un coup de téléphone interrompt ma rêverie et m’oblige à un effort d’organisation. Je note sur mon agenda et règle une alerte. Je n’oublie pas un message d’absences. Une cloche sonne, c’est l’anniversaire d’un ami. Il m’arrive d’avoir des trous de mémoire et de calcul mental. Du coup, pour ne rien oublier c’est ceinture et bretelles. Encore une année sans fausse note, l’amitié ne garantit pas toujours la ponctualité.
J’ouvre ma ligne d’informations. C’est un geste, presque un réflexe. Depuis quelques temps, j’ai la chance de rencontrer l’altérité. Je lis un article traduit par ce que certains appellent un Troll alors que je le considère comme un ami critique. Dans ce monde en mouvement dans des bulles, le contradicteur est indispensable. Je me dis qu’il faut que je rencontre ce type. On n’est peut-être pas d’accord sur tout mais ce sera forcément intéressant parce qu’on a plus en commun qu’en différence. A moi de choisir la forme épistolaire.
Au hasard de mes pensées, je me rappelle cette lecture fondatrice du sociologue espagnol Joaquín Rodríguez Marco dans ce qui était encore le nouvel observateur. Il discutait de la peur du progrès technique et surement de l’éthique de responsabilité pour y faire face. Je vais rechercher dans mes archives. Avec un petit sourire, je lis cette inspiration de Phèdre de Platon. Je me dis surtout que la liste est un peu longue.
Je zappe devant la télé. Je tombe sur Mac Giver et son couteau suisse. Tout ça, c’est pas nouveau, surtout quand je regarde mon médium unique et multifonction de 6”5. Rien ne change et tout à la fois change : l’émotion se dessine toujours sur mon visage.
Si je veux, avec ce que je veux : mon carnet rouge
Je n’ai pas mis par hasard mon carnet rouge en photo. Il symbolise la manière dont je travaille.
C’est un mixte entre numérique et analogique. J’ai appris à travailler avec le papier et cela me va bien.
J’ai même trouvé la bonne carburation car je tire la sève du numérique sans en prendre l’amertume. Je ne suis pas un Smartphone native. J’ai connu son début et il m’a accompagné tout au long de mes usages professionnels.
Il est vrai qu’au départ, il n’était qu’un simple gadget, une extension de mon PC. Je me souviens encore prendre des notes pour la forme plus que pour le fond. Je suis revenu en arrière et j’ai repris mon vieux carnet rouge. J’aime écrire et avoir les doigts bleus. En vérité, je préfère y travailler, c’est mon geste professionnel. C’est comme ça.
Trier, classer, organiser, partager et supprimer
Je vois encore les yeux désespérés de mes professeurs face aux millefeuilles de papetiers qu’étaient mes classeurs. Un vrai problème d’organisation régnait ou en tout cas le classeur cet agrégateur de cours ne correspondait à ce que j’étais. Trop fragile, trop complexe, pas assez pratique, on ne s’est jamais vraiment rencontré. J’étais revenu au cahier. J’aimais retrouver le storytelling du cours et le classement dans le secrétaire de ma chambre.
La seule peur : perdre un cahier ou le jeter.
Chez mes parents, la masse physique s’accumulait dans les cartons du sous-sol au risque de l’obsolescence du savoir et de ne rien y retrouver. Indiana Jones n’y aurait pas retrouvé l’Arche. Pas de plan de classement, d’indexation et finalement une accumulation d’informations et de connaissances désorganisées et donc inutilisables. Les archives, c’est pourtant pratique quand on souhaite analyser et comprendre un document. Fastidieux, je préférais recommencer depuis le début… perte de temps.
Un jour j’ai rencontré un ordinateur puis les nuages. Non seulement, classer une masse importante devenait facile mais elle était disponible partout. La fin de l’angoisse de la corne d’abondance sans pour autant celle de la mobilité. Parce que le web est une mine, plus d’hésitation à organiser pour supprimer, archiver. Un jour les plateformes de curation et les réseaux sociaux sont arrivés et là on travaillait à plusieurs. Gain de temps, on parle de flat design, j’aime à penser à l’organisation légère et frugale.
J’ai eu un ordinateur portable, puis un second et enfin un troisième.
Portable mais pas mobile, portable mais pas connecté. J’ai repris mon carnet rouge.
Lui était mobile. Il n’était pas connecté mais pas plus que l’autre… Un jour est arrivé le smartphone, enfin… on y reviendra.
La question du flow : économie de l’attention
Je me souviens de mes recherches fastidieuses. Je commençais par visiter Tout l’Univers pour chercher l’Universalis. La télé toujours branchée de l’autre côté de la cloison, la voix d’un doc à la radio ou mon livre caché, bref… peu d’économie de l’attention, enfin, quand je m’ennuyais ou quand je ne voyais pas où tout cela me menait.
Vous savez ce moment où vous êtes complètement plongé dans une activité. Dans une concentration où un orage, une alerte ou même une finale de ligue des champions vous laisse de marbre. Depuis, j’ai toujours des choses qui m’ennuient mais les nipcasters m’ont appris le pomodoro. On doit toujours passer par le fastidieux mais autant le rendre productif.
La question de la technologie pour moi se pose moins que l’espace qu’elle délivre pour le plus important : réfléchir, comprendre, apprendre, créer et rêver.
Sans aller jusqu’à neuralink, je suis déjà un être augmenté.
Non pas parce que j’ai des lunettes ou une barbe bien fournie. Ce n’est même pas mon ordinateur. Je viens de m’apercevoir qu’il n’est qu’une simple extension de mon smartphone et de mon carnet rouge.
A tous les deux, ils sont imbattables. Je prends des notes sur l’un, fais des recherches sur l’autre. J’y dépose ma mémoire, mes habitudes et mes idées. J’y dresse mes scénarii. Je fixe et partage mon planning. Je pose des questions au robot conversationnel de mon téléphone Google et obtiens une réponse instantanée. J’écoute de la musique, travaille sur mes articles de blogs, note mes idées, maintiens le lien avec ma famille.
La visio conférence, quelle belle manière de faire correspondance. Je m’essaye à la créativité avec instagram. Je suis allé sur un moteur de recherche pour trouver des tutoriaux en streaming et apprendre à faire une photo parfaite. Je partage ce que je vois en direct et surtout ce que j’apprends. Mon identité est faite d’enthousiasme, le reste je le garde pour moi. J’ai deux couches supplémentaires à mon cerveau l’une numérique et l’autre analogique.
Je crois que Socrate m’aurait pris pour son Phèdre. J’ai appris à apprendre comme cela, c’est comme ça, il fallait résoudre des problèmes d’organisation, d’ubiquité de l’information pour me consacrer au seul geste qui compte l’apprentissage. J’ai utilisé les technologies natives et ajouter celles qui viennent. Les technologies, nous les façonnons et elles nous façonnent en retour, c’est vrai, elles nous offrent des possibles surtout. Ne tapons pas sur l’outil sans penser à notre démarche.
Je ne sais pas travailler sans écrire, je ne saurais plus sans mon téléphone.
Demain, il ne s’agira pas de smartphone, cet objet déjà obsolète, mais de Neuralink. Cela interroge le monde et l’École en tant que projet de société. La quantification de la société, l’émergence de la société du calcul, la place des algorithmes, les voitures autonomes, la blockchain… vont changer l’emploi, le service ou même nos capacités cognitives. Faut-il pour autant céder à un déterminisme techniciste ?
Non, à nous l’éthique, la manière de penser demain, à nous en emparer ou pas. Le non est l’honneur de notre humanité. Il ne s’agit pas d’anathème ou d’ancien contre moderne. Il s’agit de direction du monde. On nous parle de transhumanisme, d’hyperhunanisme…
Notre rôle est d’aider l’élève à devenir, à acquérir les compétences professionnelles, sociales et humaines pour qu’il puisse s’emparer de demain. On peut refuser l’innovation technique à la manière de Socrate pour Phèdre. Faut-il refuser ou penser l’avenir ?
Neuralink, la start-up d’Elon Musk qui veut mettre des implants dans votre cerveau pour le rendre surpuissant, Gregory Rozière, Huffington-Post, 28 mars 2017
Nous ne sommes pas dans le futur, juste dans un présent qui aurait intégré le numérique à l’école permettant à l’élève d’être aussi connecté concernant sa scolarité qu’il l’est pour sa vie personnelle…
Ce scénario suppose aussi que ces usages scolaires soient sereinement accompagnés par tous les adultes de la communauté éducative et que les élèves, à qui l’on fait confiance par défaut, soient responsabilisés.
Une charte est bien sûr élaborée avec les élèves mais pas dans l’objectif de réprimer ou interdire les usages, seulement de les réguler. Dimanche soir, 21h30, Zoé jette un dernier coup d’œil avant de se coucher via son smartphone à l’appli du collège… Le cours de 8h est annulé car son prof de maths est malade, elle le sait depuis plusieurs heures déjà, par contre la prof de techno assurera son cours à 9h, bon une heure de plus de sommeil, c’est toujours ça de gagné ! Elle règle son réveil et se couche en visionnant avant de s’endormir le dernier épisode de sa série préférée.
7h30 le radio réveil de Zoé se met en marche,
suivi de peu par le bourdonnement de son smartphone lui indiquant un rappel en lien avec le collège (pour les trucs perso ce sont des gazouillis). Elle doit penser à réviser une dernière fois en vue de l’exposé d’histoire prévue en fin de matinée. Avec Jonathan et Alice, ils ont préparé leur intervention par visio-conférence les jours précédents et ont enregistré leurs diverses prises de paroles, Zoé se repasse la séquence en avalant son bol de céréales puis elle visionne le diaporama et relit ses notes sur sa tablette dans le bus. Elle a une idée pour améliorer la conclusion dont Alice est chargée, elle ajoute une suggestion sur le document collaboratif qu’ils ont préparé, une alerte va avertir ses camarades sur leurs téléphones qui pourront valider ou non cette modification, au besoin ils en discuteront vite fait pendant la récré.
Arrivée au collège, l’appli de l’établissement lui indique le numéro de la salle prévue pour son premier cours,
elle retrouve ses camarades devant la porte. En techno ils doivent assembler un détecteur de fumée en suivant des instructions précises qui sont disponibles au choix sur papier ou consultables sur les ordinateurs et tablettes présents dans la salle. Il est aussi possible d’y accéder sur sa tablette personnelle ou son téléphone via l’ENT. Chacun s’affaire, quelques-uns s’entraident, certains sont déjà en train de découvrir le projet suivant qu’il faudra mener en groupe à partir de la semaine prochaine. La prof de techno circule, donne un conseil par-ci, des félicitations par là, attire l’attention sur un montage hasardeux… L’ambiance est un peu bruyante mais studieuse ! C’est déjà la récré, pas besoin de consulter Alice et Jonathan pour l’exposé, ils ont tous deux validé son idée, elle a vu les notifications pendant le cours de techno.
Elle jette un œil sur son fil Twitter et apprend que Malika a un truc à lui raconter « en privé » et lui donne rendez-vous près du banc… elle y court !
Cours d’histoire, Zoé a l’estomac un peu noué en attendant le moment de l’exposé,
prendre la parole devant toute la classe ça fiche quand même la trouille… un peu ! En attendant elle écoute d’une oreille distraite le début du cours, heureusement que l’enregistrement complet sera disponible en ligne, elle pourra le réécouter plus tard. Il est midi, l’exposé s’est plutôt bien passé, le prof d’histoire-géo les a félicité tout en pointant quelques points à améliorer.
Il a déjà renseigné sur l’espace personnel de Zoé ce qu’il trouve acquis et des conseils d’amélioration pour la prochaine fois. Il a noté que Zoé parle trop vite, elle va y faire attention pour l’intervention qu’elle doit préparer prochainement pour le cours de mathématiques.
Elle a faim, l’appli du collège lui indique que la file d’attente de la cantine est très modérée pour le moment mais que d’ici une dizaine de minutes elle devrait être plus dense, elle se dépêche donc pour éviter la cohue tout en regardant les plats proposés au menu …
Dans la queue elle discute avec ses meilleures copines Malika qui est près d’elle
et Julia qui est dans une salle d’attente à l’hôpital pour des examens mais qui chatte avec elles via Facebook. Elles continuent d’échanger ainsi pendant une partie du repas jusqu’à ce que Julia entre dans le cabinet du médecin. Pour les cours à rattraper aucun stress, Julia sait qu’elle trouvera tout ce qu’il lui faut sur l’ENT et ses copines vont lui passer leurs notes, Malika a pris des photos de son cahier et Zoé, qui préfère les prendre sur sa tablette, lui a déjà transféré les fichiers sur son espace scolaire personnel.
Cours de Français maintenant avec prise de notes collective sur un document numérique collaboratif !
Zoé aime bien cet exercice où par groupe de 5 ils doivent noter ce qui est dit sur le texte étudié par le prof et par les élèves qui interviennent. Il faut à la fois écouter, noter, organiser, corriger les erreurs d’orthographe et améliorer les phrases. Elle adore ce sentiment de pouvoir gérer plusieurs choses à la fois et d’améliorer ensemble, au fur et à mesure du cours la qualité des notes et leur présentation.
En plus, le prof vérifie pendant le cours (et après si besoin) que les textes produits tiennent la route et corrige s’il y a des erreurs ou des contresens. Finies les notes prises à la main difficiles à relire à la maison ! Zoé sort sa tablette, certains leurs téléphones et d’autres se mettent sur les ordinateurs à disposition dans la salle.
Pendant une heure trente le cours se déroule puis la dernière demi-heure sert à peaufiner la mise en forme des notes de chaque groupe. Toutes les versions sont ensuite rendues disponibles sur l’ENT et deux élèves sont chargés d’en tirer un article pour le blog de la classe où chaque texte étudié fait l’objet d’un résumé critique.
La journée de collège se termine par un temps obligatoire de travail personnel
mais où chaque élève a le choix de ce qu’il fait selon ses préférences et ses besoins. On peut aller au CDI, en salle informatique, en permanence ou dans une salle de travail en groupe, solliciter ou non l’aide d’un professeur ou d’un assistant d’éducation, revoir les cours de la journée, préparer un contrôle ou un projet, s’entraîner sur des logiciels dédiés pour l’orthographe, le calcul mental et tout ce qui relève de la mémorisation si un professeur a pointé des lacunes ou seulement si l’élève ressent le besoin de s’auto-évaluer.
Cela sera enregistré dans son espace personnel scolaire à côté des compétences validées et à travailler renseignées par les différents professeurs. Zoé profite de ce moment pour ré-écouter le début du cours d’histoire de ce matin et faire les exercices que le prof de maths, absent ce matin, a envoyé sur l’ENT pour compenser l’heure perdue.
Quand elle rentre chez elle, Zoé a fait l’essentiel de son travail scolaire et n’a quasiment pas besoin d’y revenir.
Elle aime bien cependant regarder les capsules vidéo de sa prof d’anglais le soir avant de se coucher, elle a l’impression que ça l’aide à bien mémoriser et pour progresser elle a décidé de commencer à essayer de regarder ses séries en VO sous-titrées… elle va commencer ce soir d’ailleurs !
Source : cet article a été écrit pour le Cahier Éducation & Devenir n° 2015-25 « Qu’est-ce qu’un élève ? » il a été republié ici avec l’aimable autorisation de l’association Éducation & Devenir.
François Jourde, enseignant en philosophie, est intervenu sur une conférence participative dont le sujet était « Les différentes Réalités en Apprentissage » aux côtés de Julian Alvarez, Jean-Michel Perron, François Calvez et Christophe Batier lors du Campus e-éducation à Poitiers, le jeudi 06 octobre 2017.
Retour sur son propos, en synthèse, dans l’interview ci-contre.
Limiter le nombre d’élèves par classe figure parmi les mesures phares destinées à améliorer le niveau, surtout dans les établissements du réseau d’éducation prioritaire. Toutefois, elle est loin de faire l’unanimité.
En se basant sur la situation vécue par d’autres pays, certains spécialistes avancent que la réussite n’est pas corrélée au nombre d’élèves. Elle est plutôt le résultat d’une démarche pédagogique orientée vers la participation et non sur une logique de transmission de connaissance.
Limiter le nombre d’élèves améliore la réussite
Durant la campagne électorale, plusieurs candidats ont avancé la nécessité de réduire le nombre d’élèves par classe, surtout au niveau des classes primaires. Les parents sont également convaincus que limiter le nombre d’élèves à 25 au maximum permettrait à leurs enfants de mieux étudier et de devenir plus performants. Le président Macron a ainsi concrétisé une de ses promesses : environ 2.500 classes de CP en REP+ ont été dédoublées pour cette rentrée. Afin que l’efficacité soit optimale, l’État continuerait à dédoubler les classes de CP et CE1 en REP et REP+ jusqu’en 2019.
Plus on est nombreux, plus on a moins tendance à prêter attention à l’enseignant. Par conséquent, lorsqu’il y a moins d’élèves par classe, ces derniers feront moins de bruit et seront plus attentifs. Un nombre limité faciliterait aussi le travail de l’enseignant qui pourrait mieux suivre l’évolution de chaque individu et de renforcer l’accompagnement de ceux qui éprouvent des difficultés. Un nombre moins élevé optimiserait aussi les travaux de groupe puisque l’enseignant peut créer des groupes adaptés.
Régulièrement saluée pour ses performances, la Finlande illustre l’intérêt de cette mesure. Les écoles primaires de ce pays comptent 19 élèves par classe en moyenne.
Réduire le nombre d’élèves par classe, une réussite limitée
Cette mesure n’est pas complètement nouvelle. Pendant deux ans, de 2002 à 2004, l’équipe de l’ancien ministre Luc Ferry a procédé à un test grandeur nature sur environ 100 classes de CP. Le nombre des élèves fut limité à 12 maximum. Les études d’évaluation ont souligné que oui, les élèves viennent à l’école avec le sourire et ils sont nettement plus motivés par rapport à une classe ‘normale’. Toutefois, si les performances se sont améliorées, le bénéfice n’est pas tangible sur le long terme. Ainsi, les élèves de ces classes présentent des performances similaires aux autres classes quand ils arrivent en CE1. Les auteurs de l’étude en ont donc conclu que réduire le nombre d’élèves par classe présente un intérêt limité.
Au Japon, le nombre moyen d’élèves dans une classe atteint facilement la trentaine. Pourtant le classement PISA démontre que les élèves nippons sont plus performants que leurs homologues français. Comment atteignent-ils un tel résultat ? Là-bas, l’approche par pair est une véritable institution, les élèves les plus forts expliquent les leçons à ceux qui ont du mal à suivre et effectuent aussi des encadrements durant les travaux pratiques. En plus de rehausser le niveau global, cette approche améliore aussi la compétence pédagogique des élèves qui apprennent à bien transmettre leurs connaissances.
Le Tableau blanc interactif, une solution efficace
D’après certains experts en pédagogie, le cours magistral est inefficace. Pour améliorer la qualité de l’enseignement, il est temps d’explorer autre chose et ne plus se contenter du schéma où l’élève répond aux questions formulées par l’enseignant. Les enseignants doivent aussi réaliser des efforts pour concrétiser enfin la différenciation pédagogique, une obligation officielle depuis 1989. En gros, le concept consiste à adapter le contenu et les exercices en fonction du niveau des élèves.
Pourtant, une étude comparative menée auprès de l’OCDE souligne que la France est à la traîne par rapport aux autres pays. Selon cette étude, moins d’un enseignant sur quatre pratiquait cette approche en 2013. L’objectif consiste donc à mieux impliquer les élèves durant les cours et sur ce point, le tableau blanc interactif (TBI) constitue une solution éprouvée.
Le TBI à l’instar de l’ActivBoard de promethean le plus plébiscité par les enseignants, offre plusieurs possibilités et ressources. Dans une classe composée de plusieurs élèves, il facilite la compréhension des cours en permettant au professeur d’effectuer une démonstration concrète sur le tableau avec des supports multimédias variés intégrés dans ce dernier. Il permet également d’évaluer les élèves grâce à des boitiers de vote par exemple afin d’identifier ceux ayant des difficultés d’assimilation.
Le professeur dispose d’une grande plateforme de ressources pédagogiques interactives riches et adaptées à tous les niveaux lui permettant de vulgariser au mieux les leçons même aux élèves en difficulté.
Quand la classe comporte moins d’élève, le TBI améliore encore l’efficacité des travaux de groupe. Le professeur peut ainsi organiser les élèves en groupes de personnes pour faire des sessions de brainstorming sur le tableau interactif, les inciter à exprimer leurs idées et travailler ensemble pour les enrichir. Les interactions sont instructives et les élèves se sentent impliqués dans la construction de leurs leçons.
Malheureusement, malgré le plan numérique du gouvernement, le taux d’équipement en tableau interactif en France reste très faible de l’ordre de 30% par rapport au Royaume-Uni et la Turquie qui sont équipés respectivement à 104% et 96%.
Plus d’informations concernant le tbi Promethean sur prointeractive.fr
CONTENU SPONSORISÉ
Gérer le consentement
Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Fonctionnel
Toujours activé
L’accès ou le stockage technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
L’accès ou le stockage technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’internaute.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
L’accès ou le stockage technique est nécessaire pour créer des profils d’internautes afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.